Tamar Kasparian - WE ARE OUR MOUNTAINS

Ink, graphite and embroidery on washi paper , 70x100cm

"Comment savoir qui je suis
Sans savoir de qui je tiens
Je suis à moi-même étranger
En ne connaissant rien
Du nom qui est le mien

Moi je suis la tombe
D'une partie du monde
J'y peux rien, je suis là,
je suis l'ombre

Au milieu des décombres
Pour comprendre l'histoire
Je deviens la mémoire

Avant de te prendre la main
Il faut que ma peur cesse enfin
Au fond de moi reste gravé
Que tout peut s'arrêter
Du jour au lendemain"

Extraits de Je suis une tombe, paroles de Vincent Baguian et Zazie

"Nous sommes nos montagnes"

Les roches, les pierres, les cailloux, les montagnes et l'eau sont représentés dans cette recherche quasi obsessionnelle par le dessin, la peinture, la broderie, la photographie et la sculpture. Je n'avais jamais vraiment compris d'où venait cette obsession pour les pierres et les montagnes. Née dans " le plat pays", j'ai peur des hauteurs, j'ai le vertige.

Dans mon travail, je suis tout le temps en train de tenter de sentir, de comprendre et de choisir où planter mes racines, ce qui apparaît comme évident dans mes séries "Végétales" ( Racines, Vegetal Chaos, Dancing Trees). Mais les montagnes, les pierres,les lacs et leur symbolique m'ont été transmises et c'est seulement depuis peu que je le réalise même si je les dessinais depuis des années sans comprendre pourquoi.

Peut-être n'ai-je pas peur des hauteurs mais seulement d'aller là où mes émotions seront peut-être trop fortes à supporter. L'Arménie est une partie de moi. Quand quelque chose, un caillou, un paysage, quelque part m'attire, c'est souvent car elle me rappelle l'Arménie, ce pays où je ne suis jamais allée mais dont j'ai des souvenirs.

Nous sommes ces pierres sur lesquelles est gravée la mémoire. Mon prénom est celui d'une île, celui de ma sœur du lac qui l'entoure, tous les deux sont sur une terre qui aujourd'hui n'est plus l'Arménie.

"We are our mountains"

Stones, rocs, mountains and water are represented is this obsessive research through drawings, paintings, embroidery, photography and sculptures ...

I never really understood where that obsession for stones and mountains was coming from. Born in "le plat pays" ( Belgium), I 'm afraid of heights.

I know that through my work, I m always trying to feel, to understand, to choose where to plant my roots and this is obvious in my Vegetal series. But the mountains, the stones and their symbolism have been transmitted to me and it is only now that I realize this even though I have been drawing them for years without understanding.

Maybe I m not afraid of heights, I'm afraid of going there and have emotions too strong to bear. Armenia is a part of me. When something somewhere (a stone, a landscape) attracts me, it's often because that thing reminds me of Armenia. This country where I have never been but of which I have memories.

Techniques et matériaux :

Cette série se décline en dessins/encre et broderie sur papier japonais (les dimensions sont variables mais tournent autour de 100 x 70 cm) et en paysages de montagnes en argile et en mosaïques.

Une petite peinture à l'huile accompagne ces séries ( 20x20cm), c'est un autoportrait architecturale ( plan en vue aérienne de l'église de Agh Tamar). Je ne suis pas croyante mais mon prénom est tellement lié à ce lieu que quand je vois cette église en plan ou en photographie, c'est comme un miroir.

Le choix du papier japonais froissé, déchiré et reprisé pour la série de dessins montre la fragilité et les blessures de ce qui semble immuable et solide comme une montagne, un territoire fragile pour reprendre le titre d'une exposition de mon amie la photographe France Dubois.